Viviane Reding Membre de la Commission européenne responsable de l’Education et de la Culture
Mise en oeuvre de eLearning eLearning Summit La Hulpe, 10 mai 2001
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse d
Viviane Reding Membre de la Commission européenne responsable de l’Education et de la Culture
Mise en oeuvre de eLearning eLearning Summit La Hulpe, 10 mai 2001
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse d’être avec vous aujourd’hui à la Hulpe, dans ces locaux remarquablement propices à la formation et à la réflexion, et qui constituent un lieu d’innovation en matière d’utilisation des technologies pour apprendre.
Je me rappelle que c’est ici que j’étais venu l’année dernière participer à la conférence organisée par le European Schoolnet, initiative remarquable commune à 23 Ministères de l’éducation en Europe en coopération avec la Commission européenne.
Je tiens également à évoquer le projet EUROPACE d’enseignement à distance démarré dans ces murs et qui poursuit ses développements dans le cadre de l’Université de Louvain. Cette expérience pionnière en matière d’utilisation des technologies pour l’apprentissage anticipait les développements auxquels on assiste aujourd’hui. L’un de mes prédécesseurs au sein de la Commission européenne, le Professeur Antonio Ruberti, dont je souhaite honorer la mémoire à cette occasion, avait lui-même enregistré des dizaines d’heures de cours qui furent diffusées par satellite… donnant l’exemple de son engagement personnel dans les nouvelles manières d’enseigner et d’apprendre.
Les organisateurs de ce premier Sommet européen eLearning, que je tiens à remercier pour leur formidable travail de mobilisation des entreprises des secteurs des technologies de l’information, de la communication, de l’audiovisuel et des médias autour du eLearning et du Plan d’action de la Commission, m’ont invité à expliciter l’engagement de la Commission européenne dans ce domaine, ainsi que nos attentes dans le domaine très important des partenariats privés publics.
Mais avant de vous exposer les grands axes de notre Plan d’action « eLearning : Penser l’éducation de demain » je pense qu’il est important de garder à l’esprit :
L’investissement consenti par la Commission depuis maintenant plus de douze ans, dans la recherche technologique sur ces questions. La recherche européenne et l’expérimentation sociale et technique ont commencé en 1988. L’implication de la Commission européenne s’est poursuivie avec actuellement le programme sur les technologies de la société de l’information (IST) et le programme eCONTENT qui porte sur les contenus.
Pour la période 1999-2002, on peut estimer que plus de 160 millions € seront investis.
Ensuite, il faut noter l’investissement consenti par les programmes d’éducation et de formation. En 1995 une action spécifique de promotion de l’éducation ouverte et à distance a été lancée Cet effort est poursuivi dans SOCRATES dans le cadre de l’action MINERVA. L’investissement pour eLearning devrait atteindre sur la période 2000-2006 au moins 10% de l’ensemble du budget pour la coopération européenne dans le domaine de l’éducation et de la formation, soit de l’ordre de 170 millions €.
Je tiens à souligner également l’importance des Fonds Structurels. Les investissements consentis peuvent relayer les projets pilotes expérimentés avec succès, et ont un effet de levier sur le plan régional. Là où, précédemment, la puissance publique finançait des réseaux autoroutiers, elle financera de manière croissante les réseaux de la société de la connaissance.
L’impact de ces investissements est encore mal connu, même si l’on mesure leurs bénéfices de manière qualitative concernant la coopération européenne : apprendre les uns des autres, découvrir de nouvelles pratiques à la lumière des apports d’autres expériences, d’autres manières de penser et de faire.
Je tiens à le souligner particulièrement : l’implication de la Commission européenne dans le domaine du eLearning est croissante et importante, et elle le sera plus encore si l’on augmente les effets de levier et la visibilité du savoir-faire et des succès au travers notamment une mobilisation efficace de tous les acteurs dans les Etats membres et l’industrie.
Le plan d’action
L’adoption de l’initiative par la Commission européenne l’année dernière nous a permis de bâtir un très large consensus politique autour des objectifs fixés. Les Chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que le Conseil des Ministres de l’Education ont accueilli très favorablement cette initiative. Le Plan d’action adopté le 28 mars dernier vise à préciser les modalités de mise en œuvre et la mobilisation cohérentes des instruments et des programmes communautaires sur les quatre domaines prioritaires d’intervention qui concernent :
* Les infrastructures ;
* La formation à tous les niveaux ;
* Les services et les contenus ;
* La coopération et le dialogue.
Je pense que vous êtes maintenant familiarisé avec les grandes lignes de ce Plan d’action, et je vous parlerai donc essentiellement des actions fédératrices que je souhaite soutenir comme Membre de la Commission européenne, responsable de l’Education et de la Culture.
Les infrastructures
La disponibilité d’infrastructures de qualité, leur maintenance et leur évolution sont essentiels si l’on veut sortir de la pénurie dans laquelle vivent encore nombre d’établissements.
Dans ce domaine, la responsabilité est très largement du côté des Etats membres. La première action fédératrice, qui a retenu mon attention, concerne donc les indicateurs et l’étalonnage. Vous savez l’importance qu’a pris « l’évaluation comparative des performances » dans les discussions des Ministres de l’éducation, et lors des récents Conseils européens. Ceci n’est pas fortuit quand on sait que l’incitation au changement et l’innovation procède souvent par comparaison avec ce que fait le voisin. Il faut aller dans cette direction, sans néanmoins exagérer la dimension quantitative, mais en gardant le souci de la qualité et en prenant notamment en compte les tendances et les usages.
Nous allons développer des indicateurs de progrès, et ce non seulement en matière d’équipement, mais en matière d’usages. EUROSTAT, le réseau EURYDICE et un certain nombre de projets, tels que eWATCH, travaillent sur cette question en liaison avec les travaux de l’OCDE. Les résultats d’un sondage "Eurobaromêtre" ainsi que d’une étude effectuée par le CEDEFOP seront prochainement publiés et donneront des informations très intéressantes, quant à l’usage des technologies dans l’éducation et la formation professionnelle.
Une deuxième action fédératrice concerne la recherche qui sera soutenue dès cette année par des appels à propositions des programmes IST, SOCRATES et LEONARDO DA VINCI. Je souhaite voir se développer un Centre Virtuel d’Excellence européen, et dès cette année, je vais lancer une étude de faisabilité sur ce thème. Comment mettre ensemble tous ceux qui, au niveau européen, réfléchissent sur ce que seront l’école de demain, l’Université de demain ? Même s’il est difficile, au niveau européen, de développer un pôle de référence, tel le MEDIA LAB du MIT, je crois qu’il est possible de développer des liens fructueux entre toutes les équipes qui font ici et là un travail de pionnier pour préparer les technologies et les pédagogies du futur… Il s’agira d’atteler à cette tâche les meilleures équipes universitaires, les centres d’excellence dans ce domaine, les instituts de réputation internationale ainsi que d’établir des liens plus étroits avec la recherche conduite par l’industrie.
Je suis persuadé qu’il faut intensifier les coopérations entre toutes les initiatives qui se développent en Europe à tous les niveaux (européen, national, régional et local), ainsi que mieux définir les articulations et les rôles.
Le renforcement de la cohésion et l’encouragement au déploiement des infrastructures dans les régions les plus défavorisées, constituera une troisième action fédératrice, avec notamment l’aide des Fonds Structurels ainsi que de la Banque Européenne d’Investissement.
La formation
Un deuxième thème essentiel concerne la formation pour préparer tous les citoyens à « la société de la connaissance » notamment au travers de la maîtrise culturelle des nouveaux outils et l’acquisition d’une culture numérique, mais aussi pour permettre de réduire les déficits en qualifications.
Dans ce domaine, une première action fédératrice concerne la définition dynamique des compétences nécessaires. De nouvelles compétences techniques, intellectuelles, sociales deviennent essentielles pour vivre et travailler dans la société de la connaissance et pour y participer activement. L’usage critique et responsable des technologies numériques fait partie de ces nouvelles compétences de base. Nous devons travailler ensemble à définir ce corpus de compétences nécessaires pour la « culture numérique » de tous, pour remédier aux déficits conjoncturels en qualifications et pour construire la société de la connaissance.
Une deuxième action fédératrice en matière de formation concerne la formation des enseignants et des formateurs, qui, en amont des pratiques éducatives, conditionne les attitudes et les comportements que l’on observe, sur le terrain.
Nous stimulerons par tous les moyens possibles l’échange d’expériences entre les institutions de formation les plus avancées. Nous avons déjà commencé un travail très utile dans le cadre de l’action COMENIUS du programme SOCRATES pour identifier en Europe les formations d’enseignants dans le domaine des nouvelles technologies pour apprendre. Il convient de passer à la vitesse supérieure et je pense que les échanges d’information et d’expériences doivent déboucher sur des projets communs, des transferts et des adaptations. Cette action fédératrice capitalisera sur le savoir-faire déjà acquis dans ce domaine dans les différents pays.
Les services et les contenus
Le troisième pilier de nos actions fédératrices concerne les services et les contenus. De plus en plus, c’est là la pierre d’achoppement de tout l’édifice. Les études montrent que c’est sur les services que les investissements réalisés et les plus-values ou les économies associées deviendront de plus en plus importants.
Une première action fédératrice concerne le développement d’un environnement favorable pour le développement de ces contenus et de ces services. Je suis convaincue qu’il faut étudier ensemble de manière approfondie l’environnement financier, réglementaire, légal dans lequel les nouveaux services sont développés. Faute d’une telle mise en perspective, nous ne comprendrons pas suffisamment les obstacles pour assurer la création et la pérennité de contenus et services de qualité, et nous aurons du mal à les surmonter.
Une deuxième action fédératrice concerne le développement d’axes thématiques prioritaires d’innovation et de développement à l’échelle européenne. Nous partons du constat que la majorité des enseignants ne sont pas suffisamment convaincus des apports des nouvelles technologies pour les enseignements qu’ils doivent mener. Il nous faut, avec eux, nous interroger. Il nous faut, nous aussi, faire l’évaluation et nous accorder sur la démonstration des apprentissages pour lesquels la technologie se révélera la plus pertinente, et ce, en anticipant sur l’avenir.
Dans cette perspective, nous avons choisi plusieurs domaines d’application possible de la technologie, telle la culture scientifique et technique selon un axe « Science, Technique et Société ». Il faut mettre autour de la table nos grands musées scientifiques, les Universités, les écoles, les éditeurs pour développer des matériaux et des services que tous puissent accéder sur Internet. Il faut que le patrimoine européen soit mieux valorisé. Il importe que l’expertise européenne soit plus accessible pour améliorer encore la qualité de l’éducation.
Les langues vivantes constituent également un thème porteur. Il sera pour nous l’occasion de valoriser et d’amplifier le travail réalisé par l’action LINGUA de SOCRATES notamment lors de l’année européenne des langues.
Dialogue et coopération
Enfin, nous soutiendrons le dialogue et la coopération à tous les niveaux. Nous nous concentrerons sur deux actions fédératrices.
La première concerne « le renforcement des réseaux européens pour l’éducation et la formation », et l’intensification de la coopération politique à tous les niveaux. Il faut amener régulièrement les décideurs du monde éducatif à discuter avec leurs « alter ego » dans d’autres pays de questions importantes telles que :
* Les stratégies d’équipement ;
* Le développement et le financement à long terme des services ;
* L’évaluation des usages.
Un premier forum de ce type s’est constitué au travers de l’initiative EUN qui développe également un portail en coopération avec 23 Ministères de l’Education en Europe. Cette initiative s’est développée grâce au soutien déterminant de la Commission européenne.
De mon point de vue, si le site ainsi réalisé constitue une réalisation remarquable, il faut surtout souligner la qualité de coopération en cours et son potentiel de développement. Régulièrement, des représentants des Ministères se rencontrent et échangent des points de vue sur les problèmes auxquels ils sont confrontés. Un dialogue avec l’industrie est en train d’être initié. La semaine européenne "eSchola: Apprendre ensemble" du 7 au 11 mai est également un moment important du Plan d’action, dans la mesure où elle est l’occasion d’échanges très denses entre écoles sur Internet mais aussi dans les écoles, sur la question du comment « mieux apprendre, apprendre autrement » et comment « apprendre ensemble ». C’est ainsi qu’une expérience collective se crée et que l’Europe se construit.
Enfin, et c’est là la deuxième action fédératrice sous le chapeau « coopération et dialogue », un effort particulier sera consenti pour le développement d’un portail eLearning, devant constituer LA référence européenne dans le domaine. Il est important de fournir lignes directrices, des guides, des points de repère de nos actions au niveau européen que les citoyens ressentent parfois comme trop distantes. Le portail eLearning sera un premier pas dans cette direction, pour rendre les informations plus transparentes, y compris les informations relatives aux politiques nationales ou régionales, mais les ressources notamment celles développées dans le cadre de partenariats privés – publics plus visibles et accessibles.
Je vous invite instamment à nous aider dans ce travail dont je souhaite pouvoir présenter les premiers résultats lors de la réunion du Conseil des Ministres de l’Education le 29 novembre 2001 sous la Présidence belge.
Ce que j’attends de l’industrie
Vous m’avez également posé la question de savoir ce que j’attends de l’industrie. La question du rôle de l’industrie est vaste mais elle est capitale car la qualité des partenariats avec l’industrie constitue un facteur clé de succès le l’initiative eLearning. Ce faisant, je ne veux pas me substituer à mes collègues et notamment à mon collègue Erkki Liikanen, qui a pour rôle de définir la politique européenne en la matière avec les Ministères concernés.
J’aimerais rappeler l’appel solennel formulé par les Chefs d’Etats et de gouvernement lors du sommet de Lisbonne. Les conclusions du Conseil européen reprennent un « appel à la responsabilité sociale des entreprises ». Je voudrais reprendre cet appel et préciser comment j’appréhende le rôle social, économique, mais aussi éducatif des entreprises dans le domaine du eLearning.
Chacun doit jouer sa partition.
J’attends de l’industrie qu’elle joue pleinement son rôle dans les partitions que la construction de la société de la connaissance va nous inciter à écrire. Comme dans un orchestre symphonique, il faut que les différents instruments fassent entendre leurs sons. Mais comme à l’opéra, il ne faut pas que les chanteurs jouent comme dans le film de Fellini "et vogue le navire" à celui qui parviendra à couvrir les voix des autres. Il faut que chacun joue son rôle tout en restant à l’écoute des autres.
C’est tout d’abord un dialogue harmonieux que j’attends de vous, car certains d’entre vous disposent de moyens et de leviers importants pour orienter et définir l’offre technologique. Il faut que cette offre soit à la mesure des demandes diversifiées qui émanent du terrain. En parallèle, il faut que l’éducation évolue, en fonction des nouveaux outils et des nouveaux services et que l’industrie réponde de manière adéquate dans ses pratiques de gestion des ressources humaines aux nouveaux défis posés par l’éducation et la formation tout au long de la vie. Ceci passe par le dialogue mais aussi par des réalisations communes.
Comme chacun sait, il existe un grand nombre de réalisations remarquables en Europe. Celles-ci sont cependant trop souvent dispersées, parcellaires voire précaires. Notre ambition est de développer les conditions de leur généralisation – après adaptation aux contextes locaux – ainsi que de leur développement pérenne car les cibles que nous nous sommes fixées dans le cadre de l’initiative eLearning ainsi que eEurope touchent tous les élèves et citoyens en Europe. Nous ne devons laisser personne au bord du chemin et devons impérativement mobiliser toutes les énergies dans ce but ce qui implique que le partenariat privé-public doit engager les deux parties, la publique et la privée, pour une coopération équilibrée sur le long terme et reposer sur une vision partagée.
La responsabilité économique et éducative : de nouvelles formules de financement et des outils adaptés
L’industrie a une responsabilité essentielle à travers les produits et les services qu’elle propose ainsi que compte tenu du haut niveau de compétence et d’expertise dont elle dispose dans ses rangs. Or, les besoins de l’éducation à l’âge de l’INTERNET, cela implique de nouvelles formules de financement, d’achat ou de location d’équipement et d’utilisation pour faire face à l’évolution rapide des technologies et des usages. Il convient d’explorer ensemble de nouveaux modèles économiques. Cela signifie de pouvoir apporter des solutions techniques et économiques adaptées au monde de l’éducation et notamment une meilleure réponse aux problèmes de support et de maintenance qui se posent trop souvent.
Votre rôle et responsabilité « éducatifs» en partenariat avec les acteurs de l’éducation deviennent de plus en plus importants, car à travers les logiciels ou les modules de formation que vous concevez, des modèles d’éducation sont très souvent implicitement définis. Aux outils techniques du eLearning sont de plus en plus souvent associés des « approches éducatives » des modèles implicites de ce que l’on entend enseigner ou faire apprendre.
Votre influence est également liée aux besoins éducatifs que vous « ciblez » au travers de vos stratégies commerciales. Le eLearning s’adresse surtout dans les entreprises aux besoins d’un enseignement de type technique et économique. Mais, dès lors qu’il concerne tous les maillons de l’apprentissage tout au long de la vie, il faut envisager d’autres champs éducatifs. Il faut des outils et des logiciels adaptés aux différentes classes d’âges, des logiciels adaptés aux différents besoins. Par exemple, la Commission des Femmes du Parlement européen a demandé d’étudier l’opportunité de développer des logiciels spécifiques pour les besoins des femmes. Certaines études font état du fait que les femmes, qui constituent la majorité des enseignants dans le primaire et le secondaire, sont plus intéressées par les applications de la technologie pour communiquer que pour surfer sur Internet afin de trouver des sources d’information. Faut-il en déduire la nécessité de développer des outils spécifiques ? Peut-être, et c’est là que votre responsabilité est grande afin définir des outils qui puissent répondre à ces différents besoins.
Les besoins de l’éducation, cela veut dire aussi des outils spécifiques pour les enfants et notamment les plus petits. Par exemple, améliorer l’ergonomie des machines, développer des périphériques adaptés, des tablettes tactiles pour éviter un contact trop rapproché avec l’écran et développer des applications particulières, pour ceux qui ont des handicaps par exemple. Je suis sûre que se sont tout autant de domaines où vous menez des recherches et sur lesquels la Commission peut contribuer à diffuser l’information à travers tous ses réseaux dans les Etats membres.
La nécessité d’informer, d’échanger et de coopérer
Ceci m’amène à évoquer une autre responsabilité sur laquelle j’attire votre attention, celle d’informer, d’échanger et de coopérer et qui est liée à une obligation croissante de transparence, de confiance et de partenariat.
L’une des actions fédératrices que nous allons lancer concerne les indicateurs. Je compte sur votre concours pour nous aider dans cette tâche. Je me permettrai sans détours cette affirmation « vos expériences et vos données nous intéressent ». Bien sûr, je sais que nombre de données dont vous disposez sur le marché sont des informations commerciales à caractère confidentiel, mais je pense que vous pouvez comme nous créer une sorte de pot commun avec la plupart des données et des expériences dont vous disposez. Nous en bénéficierons tous et la qualité des travaux initiés dès la préparation de ce Sommet en témoigne.
Un effort accru en matière de recherche socio-éducative de la part des constructeurs et une plus grande transparence
Une priorité sur laquelle je souhaite mettre l’accent est la coopération et le partenariat en matière de recherche et de diffusion de ses résultats ainsi que des meilleures pratiques. Il faut aujourd’hui évaluer les innovations et généraliser ce qui se fait de mieux. Il importe d’appréhender comment les innovations techniques s’intègrent harmonieusement aux programmes scolaires et leurs évolutions ou à défaut, d’analyser comment elles se juxtaposent à l’organisation actuelle du temps, de l’espace et des programmes.
Je pense que l’effort de recherche doit être accru et partagé. Compte tenu de l’importance du marché éducatif dans la plupart des pays européens, il me paraît important que l’industrie et le secteur public accroissent leurs efforts de recherche sur les questions spécifiquement éducatives, notamment sur les environnements pédagogiques du futur. Des recherches spécifiques sont toujours menées par nombre d’entre vous pour savoir comment sont utilisés les matériels, comment les adapter aux besoins, comment concevoir de nouveaux services. Elles gagneraient à être mieux diffusées, valorisées et généralisées. De nouveaux projets de ce type pourraient être financés par l’industrie, avec le concours des pouvoirs publics, dans une visée à long terme. Je crois aussi qu’une part importante des efforts de l’industrie dans ce domaine s’effectue aux Etats Unis. C’est le cas notamment de beaucoup des acteurs majeurs de l’industrie avec les Universités et les écoles américaines. J’estime essentiel que de tels projets et de telles coopérations se développent de manière accrue en Europe et que de meilleurs transferts puissent s’opérer entre équipes de recherche qu’elles soient basées en Europe ou dans le reste du monde, en tenant compte de la diversité de nos systèmes.
Les déficits en qualification
Aujourd’hui, nombre des discussions sur les partenariats privés-publics tournent autour de la question des déficits en qualification. Pour cela, vous l’avez dit dans vos travaux préparatoires à ce Sommet, il faudra mettre à profit la recherche en éducation et mieux tirer partie des efforts en cours que ce soit dans le cadre de projets tels que Career Space ou de programmes tels que les Cisco Networking Academies et bien d’autres. Je crois que ce message a d’autant plus de force qu’il vient de l’industrie et je pense, comme vous, qu’il est tout à fait essentiel :
* de mieux comprendre comment les gens apprennent ;
* de saisir les leviers de la motivation à se former ;
* d’offrir des opportunités concrètes de se former aux nouvelles technologies à travers des programmes ciblés.
J’attends des travaux de cette conférence des pistes concrètes afin de relever ces défis. Je souhaite également – au moment où la chute des marchés boursiers et la menace de récession aux Etats-Unis fragilise l’emploi et ternit l’image de la eEconomy – que des réponses claires sur le long terme soient proposées afin que l’on puisse motiver les jeunes, et notamment les jeunes femmes, à acquérir les qualifications qui font défaut.
Je tiens à féliciter tous les participants aux travaux qui se sont déroulés lors des ateliers préparatoires dont les premiers résultats me furent présentés le mois dernier. Je fus très heureuse de trouver dans les premières recommandations qui en découlent des idées sur lesquelles nous sommes en plein accord et sur lesquelles des consensus se dégagent.
Je tiens à rappeler le soutien de la Présidence suédoise et du Conseil, ainsi que du Parlement européen et du Comité des Régions, car c’est eLearning un thème très important qui couvre de nombreux domaines d’intervention pour lesquels les prérogatives des Etats membres sont importantes. Ceci est pour nous tous un atout essentiel sur lequel nous pourrons compter afin d’intensifier la coopération et d’accélérer les évolutions nécessaires en Europe.
La conférence de Vasteras en Suède " Apprentissage 2.0 en route vers l’avenir" organisée avec la Présidence suédoise les 21 et 22 mai marquera une nouvelle étape avant la réunion du Conseil des Ministres de l’Education le 28 mai lors de laquelle j’effectuerai une présentation de vos travaux. Ce jour là le Conseil devrait adopter une Résolution concernant eLearning et les nouvelles technologies dans l’éducation et la formation.
Enfin je serai attentive à poursuivre notre dialogue et supporter des actions de partenariat ciblées et concrètes au niveau européen. Pour cela je prends l’engagement de vous rencontrer régulièrement et mes services organiseront une réunion avec l’industrie avant la fin du mois de juin afin de faire le point et dégager les axes de coopération les plus prometteurs à l’issue des travaux de ce Sommet.
C’est sur ces perspectives que je conclurai ma présentation, et que je vous rendrai la parole Monsieur le Président en souhaitant que les travaux de cette conférence soient fructueux et puissent marquer un grand pas en avant pour la mise en œuvre de eLearning en Europe.